Homosexualité


Histoire et évolution

Dans certaines sociétés pré-chrétiennes on a noté plus ou moins de tolérance ou d'acceptation vis-à-vis des pratiques homo-érotiques. Cependant ces pratiques étaient très codifiées socialement, et tout écart était délictueux. Par exemple, dans la Grèce antique, la pédérastie faisait partie de l'éducation des adolescents mâles, mais de façon très codifiée. La règle voulait que le partenaire d'age mûr soit être actif dans la relation sexuelle et l'adolescent passif, faute de quoi la relation était immorale et délictueuse.

En 342, les mariages homosexuels sont interdits dans l'Empire romain. Le 6 août 390, une loi condamnant au bûcher les homosexuels est instaurée par l'empereur romain Théodose. Une fois l'empire romain devenu chrétien, la relative liberté en la matière disparaît.

Par la suite, l'homosexualité étant intégrée à la culture, les lois barbares du Haut Moyen Âge n’y font aucune référence. Puis du Moyen Âge et jusqu'à la fin de l'Ancien Régime, l'homosexualité devient passible de la peine de mort en France, en Angleterre et dans la plupart des États européens. Durant tout le Moyen Âge, l'homosexualité, considérée comme une hérésie, est combattue, notamment par l'Inquisition, sous le nom de bougreries. Au VI° siècle, de crime contre la dignité, l'homosexualité devient un crime contre l'ordre naturel défini par Dieu. L'Inquisition infligeait d’horribles tortures aux homosexuels tels que l’excision du clitoris, l’ablation des seins, l’ablation du pénis et des testicules et enfin le bûcher en cas de récidive (lois édictées en 1260 à Orléans).

L’époque des lumières connaît quelques évolutions. Montesquieu, Voltaire et Beccaria sont les premiers à s’interroger sur la sévérité de la peine infligée les homosexuels tout en ne se prononçant pas sur le caractère anormal de l’homosexualité. Par la suite, Jeremy Bentham, dans des écrits non publiés de son temps, suit une argumentation utilitariste et en défend une dépénalisation.

En 1791, la France est le premier pays à décriminaliser l'homosexualité au nom des principes pénalistes classiques. En 1836, la peine de mort pour ce motif est abolie mais en 1861, une loi condamne l’homosexualité à une peine de 10 ans de prison.

Autre événement marquant de l’histoire, la persécution sous le régime nazi. Dans Mein Kampf, Hitler met en avant la survie de la race aryenne et considère alors l’homosexualité comme une déviance de dégénérés à éliminer. En 1935, le régime allemand durcit la législation envers les homosexuels (modification du § 175 du Code pénal allemand). En novembre 1941 Hitler déclare : « Afin d’épurer la SS et la police, le fürher a décidé que tous ceux qui auront des rapports homosexuels, actifs ou passifs, seront punis de la peine de mort, sans égard à leur âge ». Ainsi de nombreux homosexuels furent déportés vers les camps de concentration où ils sont utilisés comme cobayes pour des expériences « médicales » afin de les ramener à une sexualité « normale ».

Les prisonniers homosexuels masculins étaient marqués d’un triangle rose de grande taille ayant pour but de les livrer à l'hostilité des autres déportés. Le triangle rose est aujourd’hui un symbole d’identité gay qui permet de ne jamais oublier la cruauté des persécutions vécues. Les femmes homosexuelles furent déportées sous le signe du triangle noir des asociaux. Les homosexuels furent victimes de traitements particulièrement barbares, comme la castration après un emprisonnement violent et humiliant.

En 1934, Staline s’aligne en procédant à des rafles homosexuelles où chaque individu convaincu de « décadence bourgeoise » est envoyé au goulag. Il fait adopter des dispositions pénales prévoyant l'emprisonnement des homosexuels et il faut attendre 1990 pour que les dernières victimes vivantes soient libérées. En Espagne, le régime franquiste adopte la loi sur la dangerosité sociale et déclare les homos inadaptés sociaux et les interne dans des camps de rééducation pour les remettre dans le droit chemin. Ces camps ne ferment qu’en 1979, quatre ans après la mort du dictateur. En Italie, Mussolini mit en place une politique comparable, et poursuit les homosexuels comme révolutionnaires dangereux et opposants politiques, mais il refusa d'établir une incrimination anti-homosexuelle comme lui avait demandé Hitler.

En France, en 1942, le régime de Vichy introduit dans le Code pénal une discrimination: l'article 331-1 du Code pénal fait un délit de l'acte consistant à avoir des relations homosexuelles avec un mineur (moins de 21 ans), au lieu de 15 ans pour les hétérosexuels. En 1945, les ordonnances du gouvernement du Général De Gaulle confirment cette disposition.

Depuis 1945, les mentalités ont évolué. Selon Freud, l’homosexualité était un trouble (« la perversion du modèle de maturation psychique qu’est le complexe d'Œdipe »); il a cependant souligné qu’il n’y avait pas de honte à avoir et qu’un homosexuel heureux n’est pas sujet à une guérison. En 1973, l’homosexualité en tant que telle est retirée de la liste des maladies DSM-IV de l’American Psychological Association.

De 1962 à 1970, les Etats Unis, le Royaume Uni, l’Allemagne de l’ouest et le Canada décriminalise la sodomie. En France, la loi du 4 août 1982 dépénalise définitivement l'homosexualité. En 1990, l’homosexualité est enfin supprimée de la liste des maladies mentales par l’Organisation mondiale de la santé. Et en 1995, au Canada, la discrimination envers les homosexuels est reconnue comme anticonstitutionnelle.

De nos jours, la situation est moins polémique qu’à l’époque. La communauté psychiatrique et psychologique affirme que l’homosexualité est soit innée - même si la théorie de la présence d’un gène de l’homosexualité est très discutée et reste non prouvée- c’est ce que l’on appelle l’optique essentialiste ou encore optique biologique, soit apparaît très tôt dans la vie (Théories sociales du développement de l’homosexualité), et est immuable.

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