Homosexualité


De nos jours

Le phénomène de l’homosexualité, forme banale de sexualité, est constant et structurel. Les homosexuels forment un groupe minoritaire mais qui n’en est pas moins incompressible, c’est pourquoi ce groupe à le même droit à la liberté et à la visibilité que n’importe quel membre de la société. Cette minorité discriminée et marginalisée fait partie de la société hétérosexuelle : ils appartiennent à toutes les classes sociales, toutes les religions, toutes les races, et toutes les professions.

Les homosexuels font valoir des conduites, des traits et des formes de relation qui vont au-delà des rôles traditionnels dictés par la société. Mais l’homosexualité n’est pas seulement une façon d’être purement intime ni même une orientation sexuelle. Elle représente également une position face à la société et à la vie.

Malheureusement, les homosexuels sont encore trop souvent victimes de discrimination, ( homo phobie), parfois très lourde. L’exclusion due à l’homosexualité, le sentiment de rejet, d’anormalité, la souffrance que cela engendre, est la première cause de suicide chez les jeunes de 15 à 34 ans. Dans Homosexualité et suicide, d'Éric Verdier et Jean-Marie Firdion (H&O éditions, Paris, 2003), un jeune homosexuel aurait entre quatre et sept fois plus de risque d'attenter à sa vie, chiffre à augmenter de 40% pour les jeunes filles.

Le violent rejet de l’homosexualité (ou des homosexuels) vient souvent de l’amalgame entre l’homosexualité et la pédérastie (et, par extension, la pédophilie). Ce qui nous est étranger entraîne crainte et la crainte entraîne un réflexe de protection qui passe par la violence.

Les agressions homophobes sont diverses, elles vont de l’insulte à la barbarie, voire même au meurtre (cf. en France, l’affaire Sébastien Nouchet en 2004 avec immolation criminelle; aux États-Unis, l’affaire Matthew Shepard en 1998 dans le Wyoming avec meurtre et actes de barbarie).

On accuse même « l’homosexuel de détruire le modèle familial », et par raccourci la famille tout court. Voilà pourquoi de nombreuses institutions rejettent toujours le mariage homosexuel et la reconnaissance juridique de l’homoparentalité. De nombreux enfants issus d’adoptions ou de différentes méthodes de procréation assistée, sont pourtant élevés par des couples homosexuels.



Louis-Georges Tin, auteur du Dictionnaire de l'homophobie, a fait du 17 mai la date de la journée mondiale de lutte contre l'homophobie.

Cette date coïncide avec le 15ème anniversaire de la décision de l’Organisation mondiale de la santé de retirer l’homosexualité de la liste des maladies mentales.

Ce jour-là, et les jours suivants, de nombreuses manifestations sont organisées dans 40 pays « pour mettre l’accent sur les violences qui frappent les lesbiennes, les gay, les bis et les trans, rappelant les avancées obtenues, et celles à obtenir », expliquent les organisateurs.

Cependant la répression étatique de l'homosexualité reste importante dans certains pays. Exemple à Cuba, où à partir de 1961, le régime castriste a persécuté systématiquement les homosexuels des deux sexes et considère encore aujourd’hui l'homosexualité incompatible avec de nombreux emplois de responsabilité. Pour Fidel Castro, une rééducation par le travail (forcé), pourrait être un remède à l'homosexualité. En Amérique du Sud, les persécutions policières sont encore de mise un peu partout, et les homophobes « cassent du pédé » comme le rapportent les colonnes des faits divers. En Iran et dans d'autres pays musulmans, les condamnations pénales et sociales d'homosexuels restent fréquentes (exécutions sommaires, lapidation, coups de fouet...). En Afrique, l’heure n’est pas à la libéralisation des mœurs. Le président du Zimbabwe, Robert Mugabe, reste célèbre pour sa diatribe anti-homos de 1995: « ils sont pires que les porcs et les chiens ». Au mieux, l’homosexuel africain est exclu socialement, au pire, il est condamné à mort. Seule l’Afrique du Sud se distingue par ses lois constitutionnelles garantissant la liberté pour tous.

Malgré les avancées sociales et juridiques, le discours homophobe en Europe et aux Etats-Unis reste banal dans le monde politique et médiatique. Les débats parlementaires sur le mariage gay ou sur l'adoption sont le théâtre de déclarations contre l’homosexualité. On y retrouve les mêmes accusations que celles faites à l’encontre des juifs pendant la première moitié du XX° siècle : les gays détiennent le pouvoir et l’argent, contrôlent l’opinion publique, sont une menace pour la société, sont réprouvés par la Bible, sont atteints de maladie honteuses, sont tricheurs, menteurs, criminels, lâches, dangereux…

Les homosexuels assistent aujourd’hui à de nombreux délires extrémistes. Aux Etats-Unis, par exemple, l’association chrétienne God Hates Fags multiplie les coups d’éclats abjects. Sur son site Internet on trouve à la une, le compte précis du nombre de jours depuis lequel Matthew Shepard (homosexuel de 21ans battu à mort) « brûle en enfer ». Autre exemple, en décembre 2004, un cheik saoudien, professeur d’université, développe sa propre théorie concernant les raz-de-marée en Asie du Sud : « c’est arrivé à Noël, quand les fornicateurs et les corrompus du monde entier viennent se livrer à la débauche. […] Nous devons combattre la fornication et l’homosexualité ». Et encore pire, les fondamentalistes religieux de tous poils clament publiquement que le sida est « une punition divine » envoyée aux « dépravés sexuels ».

Notons enfin la politique de l’autruche pratiquée par l’armée. De nombreux pays, comme la Grèce ou le Portugal, continuent d’interdire aux homosexuels les professions militaires même si leurs textes de lois ne les condamnent plus.

Aux Etats-Unis, lorsque Bill Clinton accède au pouvoir en 1992, il met en place la doctrine « Don’t ask, don’t tell, don’t pursue » (« Ne pas questionner, ne pas raconter, ne pas poursuivre »), une sorte de loi du silence. Les soldats gays ne sont pas censés parlés de leur sexualité ouvertement, mais ils ne sont plus poursuivis ni expulsés, du moins en théorie. En pratique, les expulsions continuent pour ceux qui font leur coming-out et l’absence de législation officielle les expose aux bizutages et autres persécutions par leurs pairs.

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