Société


Clandestinité et mensonge

Malheureusement, le tabou familial est une réaction encore trop répandue face à l’orientation sexuelle de son enfant. Dans beaucoup de pays, il arrive que l’enfant soit banni et déshérité. S’il est adolescent, les parents peuvent le menacer, le punir, le soumettre à un traitement psychiatrique, le changer d’école ou de ville pour l’éloigner des « mauvaises influences ». Il y a une prise de risques réels, et le coming out n’apparaît alors pas comme une bonne idée même si l’enfant en ressent le besoin.

Devant de tels risques, beaucoup choisissent de ne jamais se confier à leurs parents. Ils font alors semblant de vivre seuls, alors qu’ils sont en couple depuis des années. Il faut alors jongler avec cette double vie : avoir deux numéros de téléphone, congédier son partenaire quand les parents viennent rendre visite …

D’autres encore s’inventent des relations hétérosexuelles et se font des réputations de séducteurs. Mais cette façade se fragilisera avec l’âge. Il est facile quand on est jeune de mener une vie sociale de célibataire mais après la quarantaine, cela paraît anormal aux yeux de la société.

Certains vont même jusqu’à se marier et avoir des enfants pour maintenir le mythe de leur hétérosexualité face aux autres. Ils espèrent que la mariage va les « guérir » de leurs désirs inacceptables. Mais ils finissent simplement par tomber dans une asexualité désabusée ou par chercher des aventures clandestines avec tous les risques que cela comporte.

Dans tous ces cas, ces personnes se condamnent à une vie de falsification, un système de mensonges qui sera de plus en plus difficile de maintenir.

Le fait d’alterner sincérité et dissimulation demande une très grande vigilance et une grande dépense d’énergie psychique. Voilà pourquoi, il y a une recherche implicite de la compagnie de ses semblables, avec qui chacun peut être lui-même et parler spontanément, sans rien cacher de ses activités, ses relations, ses sentiments, bref l’ensemble de sa vie affective.

Sortir du placard est une décision importante, il faut peser ce que ça va coûter de le faire mais aussi de ne pas le faire. Cacher son orientation sexuelle indéfiniment a un prix très élevé. N’oublions pas que le mensonge n’est pas statique : il s’accroît, en extension et en profondeur, et finit par envahir tous les domaines de la vie.

Vivre dans la clandestinité c’est surveiller continuellement les gestes, les paroles, les réactions des autres en se demandant s’ils se rendent compte de notre orientation sexuelle. C’est aussi s’exposer plus grandement à la dépression, l’anxiété et la somatisation. Et cela affecte non seulement les relations personnelles mais aussi les rapports sociaux et professionnels.

Marcy Adelman a observé que les personnes qui vivent ouvertement leur orientation sexuelle ont une estime de soi et une capacité de relation avec autrui bien plus développées.




Pour toutes ces raisons, les spécialistes et les auteurs, pensent qu’il est préférable de vivre ouvertement plutôt que dans la clandestinité.



En théorie, ils ont raison mais il ne faut pas oublier que cela n’est pas toujours possible ou souhaitable selon les pays. Dans les pays du Tiers Monde par exemple, une personne qui sort du placard risque de perdre sa famille, sa position dans la société, son travail et même son logement.



La question de sortir ou non de la clandestinité n’a pas les mêmes implications partout. Chaque personne doit peser les coûts et les bénéfices réels de sa décision qui va dépendre de son contexte familial, social, culturel et professionnel. (Témoignages)

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